Croisade contre Boko Haram : les prouesses des forces de défense et de sécurité
Paul Biya fait de la lutte contre le groupe terroriste une affaire personnelle.
Depuis la déclaration de guerre contre Boko Haram les forces de défense et de sécurité ripostent vigoureusement contre cette agression barbare, laissant sur le carreau un nombre important de ces agresseurs. C’est la résultante de la détermination inébranlable du Chef de l’Etat Paul Biya, à défendre l’intégrité territoriale du Cameroun et à protéger les femmes et les hommes qui y vivent, ainsi que les biens qui leur appartiennent. Et il ne lésine pas sur les moyens pour continuer à faire du Cameroun, ce havre de paix et de stabilité envié de nombreux pays. Au jour d’aujourd’hui, tout porte à croire que ce groupe terroriste qui use d’une violence aveugle et criminelle, et dont l’objectif est de répandre la peur et la psychose parmi les populations, est voué à la disparition.
Ce d’autant plus que le peuple camerounais, tirant les conséquences de ces actes de violence, est mobilisé derrière Paul Biya pour faire échec aux visées criminelles de cette organisation extrémiste dont le funeste dessein ne vise qu’à mettre en péril la paix et la stabilité du Cameroun. Le 27 juillet 2014 le ministre Issa Tchiroma Bakary de la Communication et porte-parole du gouvernement, renouvelait à toutes les forces de défense et de sécurité, au nom du Président de la République – Chef des armées; le soutien inconditionnel et total de l’ensemble de la nation pour l’engagement sans faille, le courage et l’abnégation dont ils font preuve, et les autres sacrifices qu’ils consentent, afin que le Cameroun continue de vivre dans la paix, l’unité et la stabilité.
Une refondation du concept de défense
Avec la création de la quatrième Région Militaire, la réorganisation des Secteurs Militaires et la nomination de nouveaux responsables par le Chef de l’Etat, l’Armée camerounaise poursuit sa modernisation.
Pour mieux se défendre contre la menace Boko Haram, de nombreux textes signés le 14 août 2014 par le Chef de l’Etat, Chef des Armées ont apporté une nouvelle allure à l’Armée camerounaise en pleine réorganisation.
En effet, en éclatant la Région Militaire Interarmées n°3 (RMIA3) en deux entités, l’on a assité à la naissance d’une autre Région Militaire Interarmées. La RMIA4 dont le poste de commandement est à
Maroua, chef-lieu de la Région de l’Extrême-Nord.
“La 3e Région Militaire ancienne couvrait une grande étendue territoriale où il devenait difficile de pouvoir assurer une fluidité des ordres, du Commandement de la Région vers les points exterieurs de celle-ci. Elle nécessitait alors plus de proximité des champs opérationnels” précisait, le Chef de Division de la Communication au Ministère de la Défense, le Colonel Didier Badjeck dans une interview accordée aux journalistes en août 2014.
Alors que la RMIA3 couvre le territoire des régions administratives du Nord et de l’Adamaoua, avec pour poste de commandement Garoua, le Département du Mayo-Louti dans la Région du Nord quant à lui dépend de la RMIA4. Ceci parce que les intérêts opérationnels ne peuvent s’adosser aux intérêts administratifs.
La création de la RMIA4 en août 2014 a entraîné le changement de dénomination de la Brigade d’Infanterie Motorisée qui s’y trouvait localisée, passant ainsi de la 32e Brigade d’Infanterie Motorisée (BRIM) à la 41e BRIM, dont le poste de commandement se trouve désormais à Kousseri, dans le chef-lieu du Département du Logone-et-Chari et non plus à Maroua comme c’était le cas précédemment. Elle englobe par ailleurs, la plupart des unités de la 32e BRIM qui existaient déjà sur le terrain. Autres mesures de quadrillage du territoire, la création de la Légion de Gendarmerie du Logone et Chari. Cette unité chargée du maintien de l’ordre et de la collecte du renseignement comporte trois compagnies (Waza, Kousséri et Makary) et des dizaines de brigades.
Transformation et gestion des Secteurs Militaires
Les Secteurs Militaires Terrestres qui avaient pour vocation de servir les unités terrestres comme auparavant, ont également changé de dénomination et deviennent des Secteurs Militaires tout court. Ces Secteurs Militaires constituent des subdivisions des RMIA.
Ainsi, toutes les composantes des Armées se reconnaissent désormais dans les Secteurs Militaires. Puisque dans leur nouvelle configuration, ces derniers peuvent être dirigés par des hommes venant des différentes composantes de l’Armée. En effet, les Secteurs Militaires sont adossés à l’organisation administrative du Cameroun, même si un décret du Président de la République peut à tout moment modifier le ressort d’un Secteur Militaire (à l’exemple d’un Secteur Militaire par région, ndlr).
En apportant des changements dans les différents Secteurs Militaires, le Chef de l’Etat a également choisi de rajeunir le Commandement de la plupart des unités nouvellement créées.
Ainsi, les RMIA3 et RMIA4 sont dirigées par des officiers supérieurs du grade de Colonel, à la différence des deux autres qui sont dirigées par des officiers Généraux.
On a ainsi à la tête de la RMIA4, le Colonel Jacob Kodji, alors que le Colonel Frédéric Ndjonkep Meyomhy est le Commandant par intérim de la RMIA3. Pour ce qui est de la Région de Gendarmerie n°4, son Commandant est le Colonel Souleymanou Massokano.
La 41e BRIM quant à elle est conduite par le Colonel Roger Kuitche tandis que le Colonel
Assoulai Blama est le nouveau Commandant de la 31e Brigade d’Infanterie Motorisée.
Le Commandant de la 41e Brigade d’Infanterie Motorisée (BRIM), le Colonel Roger Kuitche, a été installé dans ses fonctions le 22 août 2014, à Kousséri, dans le Département du Logone et Chari, Région de l’Extrême-Nord, par le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o.
En procédant à l’installation du nouveau Commandant de ce qui était encore la 32e BRIM jusqu’au décret présidentiel du 14 août dernier, le Ministre de la Défense expliquait alors que la délocalisation de ce poste vise à rapprocher le Commandement de la zone de contact des incursions menées par Boko Haram : «la création de la 41e BRIM vise à resserrer le dispositif de défense dans la zone de prédilection des menées terroristes de la secte islamiste Boko Haram et à rapprocher le Commandement de la zone de contact pour un meilleur suivi des actions sur le terrain».
Professionnalisation
Aujourd’hui, la taille de l’Armée camerounaise est estimée à 50 000 hommes environ. Formés avec le plus grand soin dans des centres expérimentés, ils prennent très souvent part à des stages de perfectionnement à l’étranger.
L’excellente formation et le nombre de personnel des Forces de Défense camerounaises sont devenus au fil des années un grand atout. Classant ainsi notre Armée à la 12e place des armées nationales en Afrique. On peut citer en exemple l’Ecole Supérieure Internationale de Guerre (ESIG) créée en 2005, résultat d’un partenariat entre le Cameroun et la France où des officiers supérieurs des Armées (Terre-Air-Mer) et de la Gendarmerie sont formés afin de pouvoir assumer de hautes responsabilités au sein de leur corps d’appartenance.
Autre exemple, l’Ecole d’Etat-Major, également mise sur pied en 2005 et qui assure la formation de plusieurs centaines de certifiés et diplômés d’état-major. Parmi lesquels de nombreux étrangers, venus de la République Centrafricaine, du Burkina Faso et du Niger. L’Ecole Militaire Interarmées (EMIA), le Centre d’Instruction des Armées de Koutaba, Ecole Internationale des Forces de Sécurité d’Awaé (EIFORCES), etc. confèrent également à leurs lauréats un niveau opérationnel et d’intelligence de combat de premier choix en Afrique.
Ces écoles militaires sont faut-il le souligner, parmi les meilleures du continent.
Par ailleurs, dans l’optique de maximiser la sécurité du territoire, le Mindef a lancé plusieurs concours d’entrée dans les Forces Armées, notamment à la Garde présidentielle et au sein du Bataillon d’Intervention Rapide, de même qu’à la Gendarmerie. Il est aussi important de relever la création récente des bataillons spécialisés dans la protection et la défense des frontières camerounaises.
Equipement
Des hélicoptères de type Gazelle et Puma, des avions de combats de types Alpha Jets et Foucade, des radars pour la surveillance aérienne, des chars d’assauts et véhicules blindés, des vedettes rapides d’embarcations, des bâtiments de guerre, des avions Hercules C130, CASA CN 235, des canons d’assaut à roues autopropulsé, etc. sont autant d’équipement dont dispose l’Armée camerounaise.
Le 6 novembre 2013, le Mindef procédait à la réception d’un important parc de matériels militaires. Ceci afin de répondre efficacement aux défis sécuritaires auxquels le pays est confronté tout en s’impliquant dans la construction nationale, dans la dynamique de l’émergence.
Mobilisation et solidarité : Nouveau paradigme de la société camerounaise
Depuis le début de la guerre contre Boko Haram, le Président de la République dans une démarche résolument régalienne, apporte aux citoyens camerounais et aux soldats engagés au front dans la Région de l’Extrême-Nord, son soutien indéfectible, avec celui de son épouse, Chantal BIYA toujours très sensible aux souffrances de ses compatriotes.
Le dernier acte en date, remonte au 7 avril 2015 lorsque Paul et Chantal Biya ont une fois de plus apporté le sourire aux troupes armées camerounaises et à celles de la sous-région se trouvant à Fotokol, Kousseri, Mora, Kaélé et autres Mayo-Oulo, qui combattent sans relâche la secte terroriste Boko Haram. Ces dons en nature (vivres) et en espèces représentent avant tout un geste à la symbolique expressive de solidarité soulignant l’humilité et l’implication du couple présidentiel.
Par cet élan du cœur, le couple présidentiel a prêché par l’exemple. Une démarche que l’ensemble des Camerounais a suivi avec attention. Cette initiative a induit une mobilisation nationale se traduisant par des marches.
Car, depuis plusieurs mois des marches sont organisées à travers le territoire national, certains citoyens font des dons en faveur des Forces de Défense.
Le viatique généralement collecté de leur localité est ensuite convoyé vers le Nord du pays. D’autres agissent à partir des grands centres urbains d’où ils convoient depuis les grandes surfaces et autres supermarchés, des marchandises. Des partis politiques organisent des descentes sur le terrain pour soutenir aussi bien les populations déplacées que nos soldats. Récemment, le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a procédé au lancement des festivités de son 30e anniversaire dans la ville de Maroua en signe de solidarité et de compassion vis-à-vis des populations du Grand Nord.
Les communautés religieuses quant à elles, organisent régulièrement des prières en faveur de la paix. Jamais une cause n’avait autant mobilisé les Camerounais, sans distinction d’ethnies, de chapelles politiques, de générations. Pour une fois, en dehors du football, les Camerounais sont soudés autour d’une cause commune: la préservation de l’intégrité du territoire national. Fait marquant dans cet élan patriotique, la presse nationale généralement habituée à dresser de véritables réquisitoires contre le pouvoir est, cette fois, en première ligne, elle qui a organisé une marche à laquelle ont participé de milliers de personnes au Boulevard du 20 mai à Yaoundé le 28 février 2015. Dans cette mouvance, le Président de la République a créé un compte spécial auprès du Trésor public pour accueillir ces diverses donations des Camerounais et autres partenaires, tant leur générosité est débordante. Ce compte alimenté aujourd’hui à plus de deux milliards de FCFA, prouve que les Camerounais peuvent être généreux pour les causes qui en valent la peine, contrairement à l’opinion répandue. D’ailleurs les donations continuent d’affluer.
En effet, au-delà du noble motif que constitue la défense de l’intégrité territoriale, les citoyens camerounais qui font preuve de générosité le font parce qu’ils croient aux vertus de la paix et de la stabilité. Ils pensent que le terrorisme en tant que fléau mondial ne saurait prospérer, ni au
Cameroun, ni ailleurs.
Toutefois, nul ne peut douter un seul instant que les Camerounais aiment leur pays et sont prêts à mourir pour la défense des 475 442 Km2 de superficie du territoire national, de leur devise «Paix-Travail-Patrie» ainsi que du drapeau Vert-Rouge-Jaune. Et ils l’ont suffisamment prouvé.
La solidarité, ce lien social d’engagement et de dépendance réciproques entre des personnes ainsi tenues à l’endroit des autres ne s’invoque, ni ne se décrète, mais s’impose selon la situation, les évènements. A propos de SOLIDARITE, l’heureux hasard des situations ne doit pas occulter la nécessité d’une construction élaborée autour de cette thématique, comprise comme une vertu sociale, un liant renforçant la sociabilité et dont l’exécutif doit se saisir pour catalyser les causes oubliées et adresser les défis du moment. Avec l’élan qu’on a pu constater autour de la lutte contre Boko Haram, on peut aller jusqu’à imaginer l’institution d’une journée de solidarité nationale focalisée sur les demandes sociales.
Ainsi, l’esprit de solidarité et d’unité qui s’est levé ne retomberait pas tel un soufflet, pour nous ramener aux léthargies habituelles.
Guerre et Economie : Les méfaits du conflit armé
Reposant avant tout sur la psychologie, un environnement stable a un impact positif sur l’activité économique.
Un environnement instable, du fait de la guerre agit très négativement sur la psychologie et pousse les consommateurs et les investisseurs à se recroqueviller sur eux-mêmes. L’économie de libre-échange dans laquelle fonctionne l’économie camerounaise est basée sur le principe de la liberté. Ce principe repose sur deux notions fondamentales : la notion d’ordre et la notion de justice sociale.
La notion d’ordre qui renvoie à la sécurité, permet à tout acteur économique d’entreprendre, d’aller et de venir, bref de se mouvoir dans un espace géographique déterminé afin de mener ses activités. Les tenants de l’économie de la liberté expliquent que la dynamique économique ne saurait s’opérer dans un environnement où règne le désordre. Pour eux, la liberté ne peut mieux s’exprimer que dans l’ordre, d’où le rôle d’Etat-gendarme qu’ils attribuent à l’Etat; c’est-à-dire que l’Etat doit organiser, laisser faire et assurer la sécurité.
Lorsque la notion d’ordre ne peut plus être assurée à cause d’une guerre comme celle que la secte islamiste Boko Haram impose au Cameroun par des attaques incessantes, prenant pour cible les populations civiles, l’administration publique, les infrastructures, les entreprises tant publiques que privées entre autres, les conséquences psychologiques sont importantes et l’impact de cette situation va se faire ressentir dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire.
Des impacts négatifs à la chaîne
Le premier à en pâtir, est le secteur primaire qui va voir ses activités s’effondrer. Les populations ne peuvent plus «aller et venir» en vaquant à leurs occupations.
Le transport des intrants agricoles vers les lieux en guerre va être difficile. La production agricole sera insignifiante voire dérisoire et sa contribution à la production nationale va aussi s’effondrer. C’est le secteur où l’impact de la guerre va vite se faire ressentir étant donné qu’il regorge d’une bonne partie de la population active. Cette population active va donc perdre très rapidement ses sources de revenus tout en courant le désœuvrement.
Le secteur secondaire, qui tire une bonne partie de ses intrants du secteur primaire va connaître de grandes difficultés. Les agropoles que stimule l’Etat actuellement n’auront pas suffisamment de matière première pour fonctionner. La production du secteur secondaire va baisser et sa contribution au niveau de la production nationale va aussi diminuer.
Le secteur tertiaire portant sur les activités commerciales entre autres, connaîtra également de graves dysfonctionnements.
Les populations ne pouvant plus se déplacer, ne pouvant plus cultiver par conséquent, ne pouvant plus commercer.
La guerre va donc impacter négativement sur tous les secteurs de l’économie entraînant ainsi de graves conséquences sur les activités de production, de transport et de commerce. Le non-respect de la notion d’ordre, c’est-à-dire l’insécurité créée par la guerre, va fortement perturber les indicateurs macroéconomiques que sont le taux de croissance, la balance commerciale, l’indice des prix à la consommation, les recettes de l’Etat et les investissements directs étrangers.
Le taux de croissance qui indique l’évolution de la production entre deux périodes va connaître une stagnation voire une régression du fait de la guerre. Dès lors, la richesse à répartir va aussi stagner voire diminuer. L’indice des prix à la consommation qui indique l’évolution des prix au cours d’une période va connaître une augmentation due à la raréfaction des produits. Le problème de maîtrise de l’inflation va donc se poser.
Quant à la balance commerciale qui indique la situation des importations et des exportations, elle sera aussi en difficulté par le fait qu’il n’est plus possible de se déplacer, de transporter et d’échanger.
Coup dur pour le commerce extérieur
Les échanges avec le Nigeria qui atteignaient déjà 20%, connaissent actuellement quelques difficultés. Certains axes routiers reliant le Cameroun au Tchad sont actuellement fermés à toute circulation. Nos transactions commerciales avec ce pays ont également diminué.
Il est à noter que le Tchad qui est un pays de l’hinterland pâtit sérieusement de cette situation. La guerre a fait fuir les investisseurs. Ainsi, les investissements directs étrangers vont se raréfier retardant la mise en œuvre de la politique de construction des infrastructures et bien d’autres projets portant sur l’exploitation de notre sous-sol.
Les différentes prises d’otages des occidentaux et des travailleurs chinois ont amené certains pays à circonscrire le périmètre de déplacement de leurs ressortissants. Les difficultés de la croissance et de la balance commerciale vont entraîner une baisse des recettes de l’Etat.
Il va de soi que dans l’hypothèse où celles-ci baissent, l’investissement public, l’éducation, la santé publique voire la plupart des tâches régaliennes auront quelques difficultés.
Tout compte fait, le bien-être humain mesuré par l’indicateur du développement humain qui regroupe le revenu monétaire, l’espérance de vie à la naissance et l’éducation va se dégrader. Cette dégradation du bien-être humain peut donc remettre en cause la problématique de la justice sociale.
La justice sociale peut se résumer comme étant une distribution équitable des richesses. Si cette distribution des richesses n’est plus assurée à cause de l’impact négatif que la guerre a sur tous les indicateurs macroéconomiques, les populations constateront que leurs conditions de vie régressent à tous les niveaux. Ainsi, si le minimum que leur garantit habituellement l’Etat n’est plus assuré, on peut assister à des tensions sociales voire à des situations de violence.
Guerre et Economie : Les trois fronts de Boko Haram
Du berger aux multinationales opérant au Nigeria ou dans l’un des pays de la Région, tous les acteurs, y compris un pays-investisseur comme la Chine, sont des victimes indirectes de la guerre économique de Boko Haram.
C’est incontestable, les dégâts de ce conflit ont une incidence sur de nombreux secteurs d’activités. La perte de recettes douanières et fiscales, la chute de la production agricole et du flux des échanges transfrontaliers en sont quelques illustrations patentes. Ce qui de fait, met à mal les finances publiques et les revenus des populations.
Il faut ajouter à cela la facture élevée de l’effort de guerre.
Une analyse du magazine économique, Forbes Afrique portant sur les conséquences de ce fléau islamiste, fait savoir qu’avec 13 000 morts et 1,5 million de déplacés dus aux guerres militaire, politique et géopolitique, le mouvement fondamentaliste du Nord-Est du Nigeria, mène également une triple guerre économique.
La première de cette série, est dirigée contre les Etats et les acteurs locaux
Le territoire du Nigeria, première puissance économique africaine, avec un PIB évalué à plus de 500 Milliards de dollars en 2014, est particulièrement concerné.
Et c’est au Nord de ce gigantesque pays de plus de 900 000 km2, que la secte est la mieux implantée. Dans un article publié en octobre dernier sur son blog du Wall Street Journal, note Forbes Afrique, Ian Talley rappelle que la Ministre des Finances de la République fédérale du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, estimait qu’en 2014 les actions de Boko Haram coûteraient un demi-point de croissance à son pays. Il pourrait en être de même en 2015, toujours selon l’analyse de l’ancienne directrice générale de la Banque mondiale.
Les pays francophones qui entourent le géant anglophone, ne sont pas en reste. A divers degrés, les combats au front sont une guerre économique contre ces Etats.
Le Cameroun, par exemple, sur le plan économique, est affecté dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et évidemment du tourisme.
Le Directeur de publication de L’œil du Sahel, Guibai Gatama est extrêmement précis à ce sujet, l’insécurité dans l’Extrême-Nord du Cameroun affecte l’agriculture et l’élevage, deux piliers de l’économie locale.
Les populations ont par exemple dégarni les villages frontaliers, abandonnant les champs et le bétail, quand ceux-ci n’étaient pas tout simplement pillés par les éléments de Boko Haram.
Conséquences, 132 000 tonnes de déficits céréaliers enregistrés en 2014, sur une production attendue de 770 000 tonnes.
Le gouvernement a dû demander le déblocage d’une enveloppe de 5 Milliards de FCFA (10 Millions$) pour faire face à la crise alimentaire qui se dessine.
Guibai Gatama, qui est par ailleurs l’un des journalistes les mieux informés de la situation qui sévit dans le septentrion camerounais, précise qu’en raison des incursions fréquentes des membres de la secte, les départements suivants sont particulièrement affectés dans leur production agricole : le Mayo-Sava, le Mayo-Tsanaga et le Logone et Chari.
Il explique aussi que le déficit va s’alourdir en raison de l’apparition d’engins explosifs sur des surfaces cultivables. Il ajoute qu’il y a longtemps que le secteur touristique est mort dans cette Région. Comment pourrait-il en être autrement face à l’hyperindustrie des prises d’otages que la nébuleuse Boko Haram tente de construire?
Le secteur halieutique n’est pas en reste, estime notre confrère. En effet, l’insécurité qui règne du côté du Lac Tchad perturbe fortement cette activité.
Guibai Gatama indique que les débouchés, essentiellement au Nigeria, sont fermés du fait de la mainmise de la secte sur la frontière maritime du Nigeria avec le Lac Tchad. Cette affirmation conduit à questionner les dégâts économiques causés par Boko Haram dans la dynamique économique sous-régionale et sur la façon dont les corridors économiques sont affectés.
Guy Gweth, spécialiste en intelligence économique et fondateur de l’agence Knowdys, interrogé par Forbes Afrique, pose le diagnostic suivant, «depuis dix-huit mois, l’insécurité dans le Nord-Est du Nigeria a réduit de plus de 90% le commerce de bétail et d’autres biens à destination de ce pays. Avant l’avènement de Boko Haram, les marchandises étaient transportées dans des pirogues et transitaient par le Lac Tchad.
Aujourd’hui, les commerçants sont obligés d’emprunter une voie de contournement par le Niger qui n’est plus aussi sécurisée qu’autrefois depuis l’incursion islamiste du 6 février 2015 qui a fait 110 morts et des dizaines de blessés». Dans la même lancée, Guibai Gatama a confié à Forbes Afrique que «pour se rendre au plus grand marché de bétail d’Afrique de l’Ouest situé au
Nigeria, à Postikum, les éleveurs tchadiens, soudanais et centrafricains passaient par l’Extrême-Nord du Cameroun. Désormais, plus rien ne passe. Les importations tchadiennes en provenance du Nigeria ou passant par ce pays via la Région de l’Extrême-Nord [du Cameroun] sont aujourd’hui perturbées, du fait de l’insécurité qui règne aussi bien à Gambaru qu’à Amchidé». La prise de Baga, par où transitaient les importations tchadiennes en provenance du Bénin via le Niger, est également restée sous contrôle de la secte pendant plusieurs semaines. Même le corridor Douala-Ndjamena est désormais problématique, il faut passer par Moundou.
A tout cela, il faut sans doute ajouter les recettes fiscales et douanières perdues par le Nigeria et les pays frontaliers.
Plus encore, nous fait remarquer Guy Gweth, «l’explosion des coûts de transport et de sécurité se répercute sur les consommateurs finaux au pouvoir d’achat déjà réduit. Lorsqu’on tient compte également de la chute des cours du pétrole, vous comprenez que Boko Haram est un frein à caractère asphyxiant. Cet aspect a pesé lourd dans la décision des Tchadiens de sortir de leur réserve. Car l’attaque de Boko Haram sur Maroua aurait provoqué le blocage de l’axe transnational qui relie Ndjamena au port de Douala d’où transitent les 85 % des approvisionnements destinés au sud du Tchad».
Il faut également considérer la facture de l’effort de guerre dans le contre-coût économique de cette guerre. Simon Tedga, diplômé de troisième cycle en stratégie et politique de défense, estime «qu’en moins d’une année les dépenses du Cameroun sont proches de 800 Millairds de FCFA [1,6 Milliard]». Concernant le
Nigeria, il faut se souvenir que l’exécutif avait demandé au Parlement d’approuver un prêt sur les marchés d’un Milliard de dollars pour améliorer les dispositifs de défense.
Cette guerre économique est en second lieu dirigée contre les entreprises
Guy Gweth, rappelait à Forbes Afrique que «durant la première semaine de septembre 2012, les combattants de Boko Haram se sont attaqués à coups d’explosifs aux relais d’opérateurs de téléphonie mobile au Nord du Nigeria, au motif que les acteurs du secteur (MTN…) transmettaient des informations sur leur géolocalisation aux services de renseignement nigérian».
La situation pose pour le Nigeria et l’ensemble des pays frontaliers le problème de leur attractivité économique. Une notion qui mêle à la fois, Etats et entreprises. Ces dernières ne souhaitant pas placer de l’argent sur un territoire où leurs investissements pourraient être anéantis à jamais. On peut donc aussi inclure parmi les victimes, les entreprises qui suspendent leurs investissements au Nigeria, Niger, Tchad ou Cameroun, estimant que la situation est très dangereuse. Elles sont victimes, car, elles se privent de potentiels revenus et profits pendant une période indéterminée.
D’ailleurs, certains avancent qu’il y a des assureurs qui refusent désormais de couvrir les personnels se rendant dans ces destinations. Pour Simon Tedga, «cette guerre est incontestablement un mauvais coup contre la croissance économique de l’Afrique. De nombreux investisseurs n’osent plus prendre des risques ni au Nigeria ni au Cameroun à cause de Boko Haram.»
Cette guerre est enfin dirigée contre les grandes puissances
C’est en tout cas ce que pensent certains analystes dont Simon Tedga, «il suffit de comparer deux périodes pour comprendre que cette guerre, comme toutes les autres, a des mobiles économiques. De 2000 à 2008, on assiste au triomphe de la mondialisation et de son corollaire, le village planétaire marqué par la montée irrésistible de la puissance chinoise. La Chine s’est réveillée et le monde occidental, d’abord surpris, tremble et l’accepte. De la crise de 2008 à nos jours, cette puissance est devenue une menace pour un Occident conquérant ayant à sa tête les Etats-Unis d’Amérique.»
Il ajoute «tout se passe comme s’il fallait freiner la dilatation de cette puissance et son expansion dans les zones d’influence occidentale dont l’Afrique fait partie. Depuis que la guerre contre Boko Haram a atteint une intensité, la Chine a arrêté ses chantiers à l’Extrême-Nord du Cameroun par exemple. Les projets d’exploitation de minerais et de pétrole dans cette zone sont au point mort…»
Nuances
Ceci dit, il nous semble cependant juste de noter que le Nigeria entend toujours progresser avec une croissance économique autour des 6 %. Ses entrepreneurs, à l’instar de Tony Elumelu, font preuve d’optimisme et de confiance dans leur pays et son économie. Venant du premier pays concerné par Boko Haram et leader économique du continent, ceci donne matière à espoir. D’autant plus que sur le plan militaire, tous les observateurs se félicitent de l’implication de plus en plus grande des pays de la sous-région pour éradiquer Boko Haram.
La solidarité des pays concernés par le problème Boko Haram, est un impératif auxquels ces derniers ne peuvent se soustraire.
Si le Nigéria est affecté, ni le Cameroun et leurs autres voisins ne saurait s’en sortir indemne.
NBA avec FORBES AFRIQUE
Guerre économique
Phénomène complexe : Qui finance Boko Haram ?
Composé d’environ 15 à 30000 hommes selon certaines sources, on peut dire que ce mouvement a besoin d’énormes moyens financiers pour entretenir, équiper et rémunérer ses troupes.
A l’origine, les activités criminelles de Boko Haram consistaient en des prises d’otages, des pillages et en la collaboration avec les syndicats du crime organisé. A l’évidence les ressources dont dispose la secte islamique sont bien plus importantes. Boko Haram semble être une organisation bien mieux structurée sur le plan financier car supposément soutenue par certaines monarchies du Golfe persique contrariées par les perspectives énergétiques du Golfe de Guinée. Pour Alain CHOUET ancien directeur de renseignement de sécurité de la Direction Générale des Services Extérieures français «quand vous montez une armée, il faut des revenus réguliers, le brigandage et les prises d’otages ne le permettent pas. C’est là qu’interviennent dans ce cas précis les pétrodollars»
La découverte de nouveaux gisements pétroliers dans le Golfe de Guinée, appelle à la redéfinition des équilibres géostratégiques qui fragilisent l’hégémonie de certaines régions du monde jadis détentrices de vastes ressources énergétiques.
Le Nigeria et son voisin le Cameroun, qui constituent une sorte de glacis stratégique importants pour le contrôle du Golfe de Guinée, relèvent désormais d’un agenda protectionniste.
Certains peuvent y voir une forme de coïncidence mais les attaques protéiformes et concomitantes dont sont victimes le Cameroun (piraterie maritime, Braconnage, Seleka, Boko Haram), le Nigéria (Boko Haram) et plus récemment le Niger et le Tchad (Boko Haram) démontrent l’existence d’une stratégie visant à contrer l’émergence de puissances endogènes.
La guerre risque d’être longue, la campagne d’occultation de ses vraies causes aussi.
C’est pourquoi la compréhension des objectifs finaux de ce conflit contemporains incite à meilleure prise de conscience pour l’accentuation et la mutualisation des moyens de ripostes afin de mettre un terme à un projet qui suggère d’embrasser une perspective de civilisation obscurantiste.
Lutte contre le terrorisme : La police camerounaise quadrille le territoire
La police, véritable cheville ouvrière de la Sûreté nationale, a pour mission fondamentale d’assurer la paix et l’ordre public, la protection des populations, des institutions et de leurs biens. Bien avant l’avènement du terrorisme dans notre pays, la police a eu à faire face à la criminalité et au grand banditisme.
La pression permanente exercée sur les milieux criminogènes a confiné ces fléaux dans des proportions qui permettent aux populations de vaquer à leurs occupations et au Gouvernement de promouvoir le développement socio-économique et culturel de la nation. Une fois la guerre déclarée à Boko haram par le Chef de l’Etat, toutes les forces de sécurité et de défense ont été mises à contribution.
L’action de la police nationale, dans le cadre de la guerre symétrique contre Boko haram aura essentiellement consisté, outre le déploiement du Groupement Spécial d’Opérations (GSO), au renforcement de la synergie d’action avec les autres forces de sécurité et de défense, singulièrement, le Secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie, par le lancement d’opérations spéciales combinées, le développement et la consolidation de la fonction d’une intelligence antiterroriste à travers l’échange de renseignements et d’informations criminelles (Direction des Renseignements Généraux, Direction de la Surveillance du Territoire). Après avoir réussi à sanctuariser le territoire camerounais face aux attaques militaires de Boko Haram, l’armée et les forces de sécurité sont désormais confrontées à une menace d’une autre nature. Les combattants de la secte islamiste privilégient désormais les actions de type asymétrique, notamment les attentats-suicides. Durant le dernier semestre 2015, le Cameroun a subi une vingtaine d’attentats qui ont causé une centaine de morts. A ce changement du modus opérandi de Boko Haram, il a fallu opposer une réponse adaptée qui consacre une attention particulière à la communauté musulmane, aux enfants et aux ressortissants étrangers et qui nécessite de s’appuyer sur les populations locales. En raison de cette mutation dans la stratégie de l’ennemi, la police camerounaise s’est réorganisée et a adopté un certain nombre de mesures. Lesdites mesures sont de 3 ordres.
RESTRUCTURATION ET REDEPLOIEMENT DES FORCES
Le dispositif sécuritaire mis en place pour intervenir et collecter du renseignement a été renforcé. A titre d’illustration, 25 nouveaux postes-frontières ont été créés dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est pour mieux maîtriser et contrôler les flux migratoires dans ces localités. Sur le terrain, l’action de l’unité des Equipes Spéciales d’Intervention Rapide (ESIR) de la ville de Maroua a été renforcée en hommes et en matériel. Une autre unité des ESIR est sur pied dans l’Extrême-Nord, à Kousseri dans le département du Logone et Chari. Dans la région de l’Est, Martin Mbarga Nguele, Délégué Général à la Sûreté Nationale (DGSN), a ordonné le déploiement depuis janvier 2015, d’un détachement du Commandement central des groupements mobiles d’intervention (CCGMI). Leur déploiement à Bertoua, Kenzou et Garoua-Boulaï, a été d’une importance capitale. Comme le reconnaît ADAMOU ALIOUM, Délégué régional de la Sûreté nationale de l’Est : «l’apport du CCGMI a été considérable pour maîtriser la circulation des populations et des fugitifs. Le fait que les unités de police soient déployées dans des petites communes comme Betaré Oya a, de ce fait, rassuré les exploitants miniers qui vaquent désormais à leurs occupations sans crainte».
En outre, ces unités spéciales ont permis de stabiliser le volet sécuritaire, ce qui a contribué à un accroissement des ressources douanières à Garoua-Boulaï notamment.
CONTROLE ET SURVEILLANCE
Aux fins de renforcer le contrôle et la surveillance du territoire, de nombreuses mesures ont été prises, certaines concernant uniquement la Région de l’Extrême-Nord, et d’autres d’application plus large.
En ce qui concerne le Grand-Nord, il s’agit de : l’interdiction des regroupements et la fermeture des débits de boisson après 18h, le renforcement des effectifs, l’interdiction de la vente à la sauvette, la restriction de la circulation des véhicules à deux roues, et l’interdiction du port du voile intégral. Les mesures de portée plus large sont relatives à : la multiplication des contrôles et des fouilles, le renforcement des contrôles sur les axes routiers, le contrôle des enfants, et la surveillance des mosquées.
Toutes ces mesures ont permis de renforcer la sécurité, notamment dans le Nord du pays, avec l’appui des comités de vigilance.
DEFENSE POPULAIRE
Le concept de défense populaire implique la défense de l’Etat par toutes ses forces vives. Dans cette perspective, le DGSN a appelé tous les Camerounais où qu’ils se trouvent et quels qu’ils soient, à plus de vigilance, de collaboration avec les forces de sécurité et de défense, et à la dénonciation de manière spontanée de tous comportements suspects autour d’eux.
Des comités de vigilance personnellement équipés en matériel de travail par le Chef de l’Etat, œuvrent en étroite collaboration avec les forces de police sur le terrain. Et les résultats sont éloquents, le dernier en date étant le détournement par ces derniers, des attentats-suicide de trois kamikazes le dimanche 27/12/2015 à Tokomari (Mayo-sava) et le lundi 28/12/2015 à Bodo (Logone-et-Chari). Les kamikazes se sont fait exploser, mais ont finalement été les seules victimes de cette explosion.
Enfin, à l’effet de renforcer la sécurité des personnes et de leurs biens, le DGSN, sur hautes instructions du Chef de l’Etat, Chef suprême des forces de police, a déployé sur le terrain des hauts responsables de la Sûreté nationale pour échanger avec les gouverneurs des régions, relayer ses directives auprès de ses collaborateurs des services déconcentrés et rassurer les populations.
LES FERMENTS D’UNE POLICE PLUS EFFICACE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Les efforts des policiers camerounais, dont la contribution dans la lutte contre Boko Haram est fort remarquable, doivent être soutenus tant sur les plans logistique et technique, qu’en matière de coopération, afin de les rendre plus efficaces.
Améliorer la logistique sur le terrain
Le rendement, la qualité de service et une meilleure efficacité de la police camerounaise dans son combat contre Boko Haram, sont tributaires de bonnes conditions de travail. Dans cette optique, il pourrait être envisagé l’amélioration de leurs conditions de logement et de restauration sur le champ de bataille, de même que celle de leurs matériels et outils d’intervention.
Adopter de nouvelles approches
A ce niveau, trois suggestions pourraient être faites. Tout d’abord, la spécialisation des policiers dans les métiers de l’anti-terrorisme et du contre-terrorisme, à l’effet pour ces derniers d’apporter la réponse la plus idoine possible à la menace à laquelle le pays fait face.
Ensuite l’usage des chiens renifleurs bien formés qui, de l’avis des experts, peuvent détecter les kamikazes à plusieurs dizaines de mètres. Dès lors, il est possible que l’on puisse éliminer le kamikaze s’il n’obéit pas aux injonctions, et éviter ainsi de nombreuses pertes en vies humaines.
Enfin, la réduction du nombre d’entrées dans les lieux de grande affluence, tels les marchés, aiderait à mieux les filtrer et les sécuriser, au besoin grâce aux chiens renifleurs (brigade canine) postés auxdites entrées.
Lutte contre Boko Haram : Les premiers pas de la Force Multinationale Mixte
« A menace globale, riposte globale », le Chef de l’Etat, Chef des Armées nous a habitué à une analyse prospectiviste pertinente ; Paul BIYA a compris avec ses homologues des pays de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et du Benin, que la victoire contre le terrorisme passerait nécessairement par la mutualisation des forces. C’est ainsi que, réunis le 14 octobre 2014, ils ont décidé de créer une Force Multinationale Mixte (FMM) de 8700 hommes.
Composée majoritairement de militaires, civils, policiers et experts pour fusionner leurs efforts et éradiquer la secte terroriste Boko Haram, la FMM, quelques mois après sa création, connaît une montée en puissance appréciable, même s’il est à regretter que cette dynamique ne soit pas homogène et que, quelques lacunes puissent être observées au niveau opératif de certains secteurs. Le dynamisme de cette force réside dans la qualité de ses ressources humaines et l’efficacité des premières troupes envoyées sur le terrain. Le 14 août 2015, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CBLT et du Benin ont procédé à la nomination d’officiers de l’Etat-major de la FMM, ainsi que les différents commandants de chaque secteur. Rappelons que sur le plan opératif, la FMM a été divisée en 3 secteurs militaires basés respectivement au Cameroun, pour le Secteur n°1, au Tchad pour le secteur n°2 et au Nigéria pour le secteur n°3.
L’Etat-major de la force est quant à lui basé à Ndjamena. Ainsi, le poste de commandant de la FMM est revenu au Nigéria. Le président Buhari a nommé à cet effet le Général Iliya Abbah, comme Commandant de la FMM. Le Cameroun marque sa présence par le poste de Commandant adjoint de la force qui revient au Général Valère Nka, mais aussi, celui de Commandant du premier secteur militaire attribué au Général Bouba Dobekréo. Pour ce qui est du volume capacitaire de la force, elle devrait être constituée d’environ 8700 hommes. Certains pays ont déjà commencé à envoyer leurs troupes : le Cameroun est le premier pays à réaliser le plein de son effectif en ayant mis en place 2450 hommes. Les autres pays tels que le Benin, le Niger, le Nigeria et le Tchad sont également sur le point de mobiliser entièrement leurs troupes. Cependant, malgré les efforts conséquents qui sont déployés, la montée en puissance de cette force rencontre quelques difficultés qui sont surtout d’ordre financier d’une part, et d’autre part, liées à l’adaptation de l’interopérabilité eu égard au format particulier de cette guerre hybride.
LE DEFI DU FINANCEMENT
Le problème du financement des opérations de sécurité collective en Afrique n’est pas nouveau. Il s’était déjà signalé depuis la création par l’OUA, d’une structure dédiée au Mécanisme de Médiation, de Conciliation et d’Arbitrage en 1964, léthargie qui s’est également signalée, suite à la mise sur pied du Mécanisme du Caire en 1993, jusqu’à l’avènement du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA en 2002.
La question de la mobilisation des fonds pour financer la paix et la sécurité reste le talon d’Achille pour le continent. Cette incapacité est due en grande partie à l’extraversion économique, politique et stratégique des Etats africains. A ce propos, Jean Ping, ancien Président de la Commission de l’UA, affirme dans son essai,
«Eclipse sur l’Afrique», que les opérations de maintien de la paix de l’organisation continentale sont financées à plus de 80% par les puissances occidentales. Si le déploiement de la FMM vise à assurer la paix et la sécurité dans une sous-région où l’importance géostratégique s’est accrue depuis les attentats du 11 septembre 2001, il va sans dire que le financement de cette force devrait être assuré par tous les Etats africains et par les grandes puissances dont les intérêts sont menacés.
Pour faire face à ces besoins financiers, les chefs d’Etat et de Gouvernement de la CBLT et du Benin ont organisé un sommet extraordinaire à Yaoundé en février 2015, pour mobiliser des fonds propres pour le fonctionnement de la FMM. Dans un contexte marqué par la montée en puissance du terrorisme, la sécurisation du « Oil diamond heartland » qu’est le Golfe de Guinée est un devoir pour la communauté internationale. En va-t-il différemment de son besoin de légitimité et de licéité ?
LA NECESSITE D’UNE LEGITIMITE POLITIQUE ET JURIDIQUE
Selon les dispositions de l’article 24 du chapitre V de la Charte des Nations Unies, c’est au Conseil de Sécurité des Nations Unies qu’il incombe l’initiative du maintien de la paix et de la sécurité internationales. A ce titre, c’est cet organe qui entérine les opérations de maintien de la paix et de projection de forces générées par une organisation régionale quand il doit l’encadrer. Le cas contraire, les pays sont souverains et peuvent outrepasser la supervision des Nations Unies et organiser légitimement leur sécurité collective. Pour ce qui est de la Force Multinationale Mixte créée au motif de la lutte contre Boko Haram, les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies n’ont toujours pas voté une résolution impliquant tacitement l’onction de cette organisation internationale pour le déploiement licite d’une Combine task force, conformément aux règles d’engagement adossées au Concept d’opérations (Conops). Cet état de chose fragilise l’engagement des pays donateurs qui devraient intervenir à la 3ème phase de l’appel des fonds. Cela peut être un frein au financement global de l’opération, à moins que les Etats eux-mêmes n’arrivent à financer celle-ci. C’est d’ailleurs ce que le Cameroun fait jusqu’alors en prenant entièrement en charge le financement des opérations du secteur n°1.
LA PROJECTION ET L’INTEROPERABILITE DES FORCES MILITAIRES CONTINENTALES
La capacité à projeter des forces et à mener des opérations militaires coordonnées sur un même théâtre d’opération nécessite d’importants moyens technologiques et logistiques. En l’état actuel, seule l’OTAN, à travers sa Nato Response Force, est capable de mobiliser, d’équiper et de projeter des forces avec un niveau d’interopérabilité standard, notant que les systèmes de communication interopérables jouent un rôle stratégique.
En Afrique, les derniers exercices multinationaux ont permis de susciter un niveau d’interopérabilité standard avec les opérations telles que,
« Central Accord » ou « Obangamé Express » organisées par le commandement militaire américain en Afrique (US AFRICOM).
Les armées, malgré leur différence technologique, ont pu à cet effet mettre en commun un certain nombre de savoir-faire permettant de valider la dimension importante d’une composante interalliée. D’autre part, les Forces sous-régionales ont validé leur opérationnalité conformément aux exigences de la Force Africaine en Attente (FAA). La difficulté de l’interopérabilité proviendrait plus du côté de la volonté politique qui se heurte communément au souverainisme des pays africains. Les accords bilatéraux entre le Nigéria et le Cameroun, même s’ils restent informels ont fait leur preuve actuellement sur le champ de bataille et ont permis d’engranger des victoires significatives. Il s’agit de les mettre sous une conditionnalité formelle et juridique qui impliquerait une succession de mécanismes et de règles d’engagement à observer.
La guerre étant de moins en moins interétatique, de la dimension des accords bilatéraux ou sous-régionaux dépend la sécurité collective dont le modèle semble s’éloigner de plus en plus de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique mise sur pied par L’UA. Il se pose un problème supplémentaire de standardisation des formations qui désormais, devraient être orientées vers les nouveaux paradigmes de la menace. Ces missions contre-terroristes ou contre insurrectionnelles étant en effet, totalement opposées aux canevas des missions de maintien de la paix. Il pourrait alors se poser le problème d’une doctrine d’emploi à reconsidérer. L’aplanissement de toutes ces difficultés qui peuvent être surmontées par une volonté politique déterminée des Etats de la ligne de front serait un contrepied à l’afropessimisme qui nourrit l’infantilisation des Africains. Le cap d’une autonomie stratégique passe par cet effort de mutualisation consentie.